Les effets du post-partum sont la plupart du temps méconnus et il y aurait même un certain tabou à oser pointer la part sombre des suites d’un accouchement. Même aujourd’hui, l’image des jeunes mamans est encore fantasmée. Radieuses, elles nageraient toutes en plein bonheur, partageant avec excitation les premiers jours du nouveau-né. Mais en réalité, il en va souvent autrement : de nombreuses femmes se sentent épuisées physiquement et moralement et ont du mal à concilier la maternité avec le reste de leur vie. S’il est vrai que certaines récupèrent assez vite de leurs suites de couches, pour d’autres il faudra parfois même plusieurs années pour retrouver leurs repères.
Le post-partum c’est quoi exactement ?
D’un point de vue médical, le post-partum est la période qui suit l’accouchement jusqu’au premier retour des règles, c’est-à-dire en moyenne 45 jours. Durant ce laps de temps le corps subit de nombreux changements, la peau du ventre, l’utérus, le vagin et le périnée cicatrisent et reprennent progressivement leur forme initiale. Un phénomène qui s’accompagne généralement de « lochies », des pertes de sang plus ou moins abondantes et de « tranchées », des contractions utérines. Comme le périnée est moins tonique, certaines femmes font face à des fuites urinaires ou à une incontinence anale passagère. Dès les premiers jours suivant l’accouchement, les seins produisent du colostrum, le lait maternel. Côté hormones, le taux d’oestrogènes et de progestérone sécrété durant la grossesse diminue pour laisser place à la prolactine, une hormone stimulée par l’allaitement.
Un chamboulement hormonal et des conséquences physiques importantes
Outre la chute des hormones qui influe sur le moral, le post-partum est aussi synonyme de fatigue, d’anxiété et de troubles du sommeil. Pas étonnant sachant que bébé pleure la nuit, qu’il faut le nourrir, le changer régulièrement, le laver. Il n’est pas non plus évident pour toutes les femmes de se sentir pleinement mères à peine rentrées de la maternité. Certaines culpabilisent parce qu’elles ne ressentent pas tout de suite des sentiments inaltérables envers leur enfant, d’autres appréhendent de ne pas développer l’instinct maternel. Face à tant de nouvelles responsabilités, et de pression psychologique, bon nombre de mamans traversent d’ailleurs une période de baby blues qui peut hélas s’éterniser. Au-delà de deux semaines, on parle de dépression post-partum. La sensation d’être dépassée par les événements et l’incapacité de récupérer de l’accouchement peuvent vite devenir un frein dans l’épanouissement personnel et surtout un grand danger tant pour leur propre santé que pour celle de l’enfant.
Le post-partum, un sujet encore tabou
Un suivi psychologique, de l’écoute et l’aide de l’entourage, permettent généralement de sortir rapidement d’une dépression post-partum, à condition toutefois de la diagnostiquer. Malheureusement, les jeunes mamans ne sont pas toujours prises au sérieux même par le corps médical qui se concentre parfois davantage sur le bien-être du nouveau-né. Surtout la réalité du post-partum est souvent tue pour ne pas choquer l’opinion publique. En février 2020, une publicité mettant en scène une jeune maman se levant la nuit avec difficulté pour aller aux toilettes a été censurée ce qui n’a pas été sans conséquences. Cette censure a déclenché une vague d’indignation amenant les femmes à raconter les dessous de leur accouchement sous le hashtag #MonPostPartum : le mépris du corps médical, parfois celui de la famille et du conjoint, la souffrance physique et morale, et surtout le manque de soutien et de considération.
La dépression postnatale peut en effet durer jusqu’à trois ans
Pourtant, la dépression post-partum n’est ni un caprice, ni une légère déprime. Dans les cas les plus graves, elle peut engendrer des idées noirs voire des tentatives de suicide. Qui plus est, ce type de dépression peut durer bien au-delà des retours de couches. Si une étude de l’Université de Caroline du Nord a mis en lumière que 7 femmes sur 10 seraient touchées par cette forme de dépression à la suite d’un accouchement, une autre, cette fois-ci de l’Institut national Eunice Kennedy Shriver, est arrivée à la conclusion que 25 % des femmes seraient victimes d’un épisode dépressif majeur dans les trois années suivant leur accouchement. Même si la plupart avaient des antécédents de diabète gestationnel ou de trouble de l’humeur, d’autres jeunes mamans sans antécédents avouent avoir ressenti quelques symptômes handicapants de dépression durant cette période. Des conclusions qui nuancent donc bien l’idée selon laquelle le post-partum ne durerait en réalité que 45 jours.
Ne pas fataliser le post-partum
Malgré tout, la période post-partum n’est pas un obstacle insurmontable et même si les conséquences physiques et physiques de l’accouchement représentent une épreuve, en étant accompagnée et en prenant le temps de se ménager, les premiers mois de la maternité peuvent rester un moment agréable et auquel on repensera bien plus tard avec une pointe de nostalgie. Néanmoins, il est important de prendre au sérieux les coups de fatigue, le manque d’énergie et la déprime, surtout s’ils tendent à s’installer. La transformation du corps également, n’est pas un changement facile à vivre. Vergetures, peau flasque, peut entraîner une absence de libido et un manque de confiance en soi… Pour résumer, s’il est essentiel de veiller au bien-être des nouveau-nés et s’assurer qu’ils ne manquent de rien, il est aussi vital de prendre soin des jeunes mamans et de se montrer à l’écoute. Le post-partum est un sujet bien trop important pour rester tabou.