Enchanter les enfants pendant le confinement
Les enfants sont formidables… pas toujours ! En entreprise, les ateliers de travail peuvent avoir un effet flop s’ils ne sont pas adaptés au contexte des participants. Avec les enfants, c’est pareil ! Animer une troupe de plusieurs enfants peut parfois ressembler à une anarchique réunion d’équipe. Christophe Cotin Valois, CEO de Welcome Max et père de deux enfants, propose ici son retour d’expérience sur les méthodes de facilitation du design thinking appliquées avec des enfants en vacances et partage ses 5 conseils de mise en pratique.
S’entraîner à la facilitation et utiliser les méthodes de co-conception avec nos enfants
Depuis plusieurs années, je m’adonne à cet exercice simple qui vise à impliquer les enfants pour identifier et planifier des activités et des temps adaptés.
La première année, nous avons travaillé, avec leur mère, sur un planning des activités allant des tâches ménagères aux loisirs. L’idée était d’essayer de satisfaire tout le monde tout en clarifiant l’organisation générale. Mais cela n’a pas fonctionné. Nous avions défini les activités et plages horaires sans les enfants ; de fait, ils ne s’étaient pas suffisamment impliqués dans ce projet commun pour qu’il réussisse.
La seconde année, nous avions appris de nos erreurs passées (#Test&learn) et décidé de nous concentrer sur un seul objectif : les impliquer sur les tâches ménagères. Nous avons choisi d’appliquer nos méthodes de design centré sur l’humain en « gamifiant » le processus et en utilisant une méthode participative de questionnement déductif : « C’est quoi des vacances ? » « À votre avis, les vacances ce n’est que pour les enfants ou pour tout le monde ? Qu’est-ce qui fait que, parfois, ce n’est pas agréable les vacances ? Qu’est qu’on doit faire pour que ce soit agréable ? Les parents n’ont pas toujours l’impression d’être en vacances, à votre avis pourquoi ? Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour que ce soit des vacances pour tous ? » Ainsi, les enfants ont déterminé eux-mêmes ce qu’il était nécessaire de faire pour que tout se passe bien et ce qu’il pouvait faire tout seuls.
Nous avons ensuite prototypé ensemble un moyen de se répartir les tâches, et quelques bonus rigolos (ex : faire un bisou à pépé) donnant naissance à notre roue de la fortune. Les enfants étaient conquis ! Au final, les tâches étaient réparties de manière ludique (chaque matin, ils lançaient un dé pour déterminer de combien de crans faire tourner la roue). Les enfants se sont focalisés sur leur propres tâches et pas sur celles des autres. Bilan : plus de suspicion, plus de problème de désengagement vis à vis du groupe, pas de routine, pas d’injustice. Ils étaient vraiment fiers de leurs travaux, et très heureux de participer à la bonne humeur générale.
Appliquer la méthode pendant le confinement
Avec le confinement actuel, nombreux sont les parents qui doivent jongler tout au long de la journée entre enfants et travail. Les journées doivent être réorganisées, les parents doivent faire preuve de créativité pour occuper leurs enfants, etc. Afin d’aider les parents qui souhaiteraient tester les méthodes de design thinking avec leurs enfants, voici 5 conseils pour un atlier d’une heure (armez-vous de grandes feuilles, de feutres et de post-its colorés) :
1- Susciter l’intérêt
Avant l’atelier, interpellez les enfants individuellement sur le fait que l’on va échanger pour prendre en compte leurs attentes et discuter des terribles injustices qui génèrent larmes, tensions et frustrations… Puis rassemblez la famille et commencez l’atelier par un speech fédérateur, en veillant à citer les revendications individuelles que vous aurez pris soin de collecter.
2- Générer Un mode pensée positive
Reformulez les frustrations en « ce serait plus juste si… » Soulignez les cas particuliers, le besoin de singularité, le droit à l’erreur, à l’imperfection. Ancrez les échanges dans la satisfaction et les moments drôles lors des corvées. Orientez les émotions vers le positif en faisant naître l’idée que cela pourrait toujours être aussi fun. En général, tout le monde adhère, quitte à récompenser d’un bonbon chaque bonne idée.
3- Identifier l’ennemi commun
Qu’est -ce qui est source de conflit ? Qu’est ce qui va arriver si nous ne trouvons pas une solution ? Il convient alors d’évoquer les sujets qui génèrent des problèmes et qu’il faudrait changer pour que le groupe fonctionne mieux. Cela va des horaires du goûter aux nouvelles règles du Uno, en passant bien sûr par les temps d’écran, vider le lave-vaisselle, etc. On évoque alors la plus grande injustice en listant tout ce que les parents font, tous les jours : « pouvez-vous me lister ce que les parents font tous les jours ? » « ce n’est pas injuste ça ? »
4- Faire générer les solutions par le groupe lui même
Enfin, on conclut en leur demandant ce qu’ils pourraient faire eux pour que ce soit plus juste… Les idées fusent, souvent très mignonnes, la “to do” est faite, l’animateur va en souffler quelques-unes pour les diriger, mais globalement les solutions arrivent assez vite. Il ne reste plus qu’à les repartir et la répartition au hasard peut éviter des débats houleux.
5 – Rendre le support ludique et évolutif
Pour commencer, l’effet post-ils et scotchs de couleurs ça fait son effet ! Le secret ? dessiner des petits pictos pour rendre le tout très visuel, surtout pour les plus petits qui ne lisent pas encore bien. Dans la réalisation, on peut aussi imprimer des images à découper. N’hésitez pas à utiliser des papiers de couleurs, des feutres, du carton et des scotchs repositionnables colorés. L’essentiel est que chacun apporte sa pierre à l’édifice. Il y aura certainement des aménagements à faire, soyez souple et modulaire (vive les post-its et le mask in tape). A la fin de la semaine, faites un bilan et adaptez le support : soyez #agile
La co-conception permet de s’accaparer le sujet et de faire émerger ses propres solutions. Le format informel libère la parole, on ne se sent pas jugé. On s’amuse et on construit ensemble dans un objectif commun. La clé c’est de ne pas faire des plans sur la comète en planifiant tout ; il faut des sas d’improvisation, des moments de défouloir. Enfin, il faut accepter de changer de cap et corriger.
Source : Welcome Max